Comment guérir de la dépersonnalisation et de la déréalisation : un chemin vers la réintégration de soi

La dépersonnalisation et la déréalisation sont des expériences troublantes et profondément angoissantes. Elles donnent l’impression de flotter hors de soi-même, de ne plus habiter son corps, ou de percevoir le monde comme irréel, comme si l’on vivait dans un rêve. Ce sont des symptômes dissociatifs, souvent liés à un état de stress intense, à un traumatisme, ou à un trouble anxieux profond. Pourtant, il est possible d’en sortir. Guérir demande de la patience, une compréhension fine de soi, et parfois un accompagnement thérapeutique soutenu. Explorons ensemble les voies possibles de guérison.


1. Comprendre la dépersonnalisation et la déréalisation : une dissociation protectrice

Avant de penser à la guérison, il faut comprendre le mécanisme de défense en jeu. La dépersonnalisation (sentiment d’être détaché de soi) et la déréalisation (perception du monde comme irréel) sont des formes de dissociation. Le cerveau, pour faire face à un stress insupportable, “coupe le courant” émotionnel. Cela crée une anesthésie affective, une déconnexion de l’ici et maintenant. Il ne s’agit pas d’un dysfonctionnement, mais d’un mécanisme de survie.

Dans le cerveau, cela se manifeste par une suractivation de l’amygdale (centre de la peur) et un dysfonctionnement du cortex préfrontal (gestion de la réalité et des émotions). L’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien est souvent déréglé, menant à un état d’alerte chronique, avec des effets dissociatifs à la clé.

Ce que cela signifie : ton cerveau cherche à te protéger, pas à te détruire. C’est une dissociation de protection, et non une folie.

Identifier la racine

2. Identifier la racine : trauma, anxiété ou surcharge émotionnelle

La dépersonnalisation peut apparaître suite à :

  • un traumatisme émotionnel ou physique (accident, agression, deuil)

  • une crise existentielle ou une prise de conscience trop brutale

  • un épuisement psychique ou physique

  • des attaques de panique répétées

  • un stress post-traumatique (TSPT)

  • parfois, sans raison apparente (souvent, cela remonte à des blessures inconscientes ou transgénérationnelles)

Il est crucial d’identifier la cause originelle. Est-ce une blessure non intégrée ? Une mémoire cellulaire transgénérationnelle ? Une accumulation d’émotions réprimées ? Une thérapie en profondeur (psychanalyse, psychogénéalogie, ICV, EMDR, hypnose, etc.) peut permettre de remonter à la source.


3. La reconnexion au corps : antidote à la dissociation

La dissociation est une fuite du corps. L’un des chemins les plus puissants de guérison consiste donc à revenir dans le corps, doucement, sans forcer.

Quelques approches efficaces :

  • La respiration consciente : inspirer et expirer lentement en se concentrant sur le souffle, ancre dans le présent.

  • Le yoga, le Qi Gong ou la danse intuitive : des mouvements doux permettent de réinvestir le corps avec bienveillance.

  • Le toucher thérapeutique (massages, fasciathérapie, ostéopathie biodynamique) réactive la perception sensorielle.

  • Le grounding (ancrage) : marcher pieds nus, sentir le sol, s’accrocher à la matière.

  • Le sport doux : une activité physique régulière (marche, natation) rééquilibre le système nerveux autonome.

Ce travail somatique est fondamental. Le corps est le contenant de l’âme, et guérir passe souvent par le réenracinement corporel.

4. La régulation émotionnelle : accueillir plutôt que fuir

Un aspect central de la guérison est de réapprendre à ressentir. Lorsque tu t’es dissocié, c’est que ton système n’a pas pu gérer une émotion. Guérir, c’est accueillir ces émotions refoulées, petit à petit.

Cela passe par :

  • l’expression verbale (parler à un thérapeute, écrire dans un journal)

  • la libération émotionnelle (pleurer, crier, exprimer la colère dans un cadre sécurisé)

  • la pleine conscience des sensations (méditation, scan corporel)

  • des approches comme l’IFS (Internal Family Systems) qui permettent d’aller rencontrer les parts dissociées de soi

L’idée n’est pas de forcer le retour à la « normalité », mais de réintégrer les fragments du moi blessé, dans une présence aimante.

5. Travailler les origines psychogénéalogiques et les loyautés invisibles

En tant que psychogénéalogiste, tu sais que certaines dissociations peuvent s’inscrire dans un conflit transgénérationnel. Il arrive que l’individu porte une mémoire traumatique familiale qui ne lui appartient pas, mais qu’il vit comme sienne. Dans ce cas, la dissociation peut être une réponse inconsciente à une loyauté invisible, un deuil non fait, un non-dit familial.

Travailler sur :

  • les dates clés (syndrome d’anniversaire)

  • les prénoms porteurs de mémoire

  • les traumatismes familiaux refoulés

  • les secrets de famille

  • les schémas répétitifs dans la lignée

peut permettre à l’âme de se libérer de ce qu’elle porte à son insu. La visualisation des lignées, les rituels symboliques de coupure, les lettres de libération, peuvent être très puissants.


6. Rééduquer le cerveau : neuroplasticité et visualisation positive

Ton cerveau a appris à dissocier. Il peut réapprendre à s’unifier. Grâce à la neuroplasticité, on peut reconstruire de nouvelles connexions neuronales.

Quelques pistes efficaces :

  • La visualisation : s’imaginer revenir à soi, habiter pleinement son corps, ressentir la chaleur humaine.

  • La répétition d’affirmations positives (« Je suis en sécurité », « Je suis dans mon corps », « Je suis ici et maintenant »)

  • L’écriture thérapeutique : raconter son histoire autrement, en se positionnant comme sujet et non victime.

  • Les pratiques de gratitude : elles réactivent le circuit dopaminergique et apaisent l’amygdale.

  • L’exposition douce à des situations qui déclenchent la dissociation, dans un cadre sécurisé, pour déprogrammer la peur associée.


7. La présence humaine : se relier pour se retrouver

La dissociation coupe du lien. Pour guérir, il est essentiel de retrouver un lien humain réparateur. Cela peut être avec :

  • un thérapeute empathique

  • un cercle de parole

  • un proche capable d’écouter sans juger

  • un groupe de soutien (en ligne ou en présentiel)

La relation est un lieu de co-régulation du système nerveux. Par le contact bienveillant, la sécurité se restaure. Et l’être dissocié peut oser revenir habiter la réalité.

8. Lâcher la peur de ne jamais guérir

L’un des pièges de la dépersonnalisation est la peur de rester « comme ça » pour toujours. C’est une pensée très fréquente, mais elle est fausse.

La grande majorité des personnes qui traversent ces états en guérissent pleinement. Le cerveau, dès qu’il se sent à nouveau en sécurité, cesse de dissocier. Parfois, la guérison est rapide. D’autres fois, elle prend des mois, voire plus. Mais elle est toujours possible.

Il est essentiel de changer la narration intérieure. Ne plus dire : « Je suis malade », mais : « Je traverse une crise, un processus de régulation. »