Libido en berne à la préménopause/ Comprendre

Un jour, tu ris pour une broutille. Le lendemain, tu pleures sans raison apparente. Tu te sens lasse, irritable, parfois distante, et ton désir sexuel a décidé de prendre des vacances prolongées. Bienvenue dans ce tourbillon hormonal que vivent de nombreuses femmes entre 40 et 55 ans : la préménopause, ou comment ton corps devient le théâtre d’un spectacle intérieur aussi imprévisible qu’intense.

Entre libido en berne et humeur en dents de scie, les variations hormonales orchestrent une symphonie intérieure parfois dissonante. Alors, comment comprendre ce qui se joue en nous, et surtout, comment danser avec ces nouvelles partitions corporelles et émotionnelles ?


Quand les hormones prennent les commandes

La préménopause marque une période de transition où les hormones, qui jusque-là rythmaient les cycles féminins avec une certaine régularité, commencent à jouer les chefs d’orchestre fantaisistes. Les principales actrices de ce spectacle ? Les œstrogènes, la progestérone, la testostérone et le cortisol.

a. Œstrogènes : les montagnes russes émotionnelles

Les œstrogènes influencent l’humeur, la mémoire, l’élasticité de la peau, la lubrification vaginale, et bien d’autres fonctions. En préménopause, leur production devient irrégulière, ce qui peut provoquer :

  • sautes d’humeur,

  • pleurs spontanés,

  • irritabilité,

  • baisse d’énergie.

On peut se sentir “à fleur de peau”, hypersensible à la moindre remarque, ou survolée par des vagues de tristesse sans cause identifiée. C’est normal, mais c’est déroutant.

Progestérone : la gardienne du calme

b. Progestérone : la gardienne du calme

Souvent appelée “l’hormone du calme”, la progestérone a des effets apaisants et régulateurs. Sa baisse progressive peut entraîner :

  • anxiété,

  • troubles du sommeil,

  • pensées obsessionnelles,

  • sensation de surcharge mentale.

Sans sa présence équilibrante, les œstrogènes peuvent devenir “dominants”, provoquant une forme de chaos émotionnel.

c. Testostérone : la force du désir

Oui, les femmes produisent aussi de la testostérone ! En plus faible quantité, certes, mais elle est essentielle à la libido, à la motivation, à la confiance en soi. En préménopause, son déclin contribue à cette baisse de désir, ce désintérêt pour la sexualité, parfois vécu comme une perte d’identité.

d. Cortisol : l’amplificateur de chaos

Le stress chronique, très présent à cette période de vie, entraîne une surproduction de cortisol. Or, ce dernier perturbe le cycle hormonal, accentue la fatigue, inhibe le désir sexuel, et peut amplifier les troubles de l’humeur.

2. La libido en berne : perte, transformation ou renaissance ?

Il ne s’agit pas d’une panne “mécanique” ou d’un caprice psychologique. La baisse de libido en préménopause est multi-factorielle : hormonale, émotionnelle, psychique, relationnelle. C’est comme si tout le système affectif était en train de se reconfigurer.

a. Comprendre ce que la libido exprime

La libido, ce n’est pas qu’un simple appétit sexuel. C’est une énergie vitale, un élan vers la relation, le plaisir, la créativité. Quand elle baisse, elle peut signifier :

  • un besoin de recentrage,

  • une fatigue profonde,

  • une insatisfaction relationnelle,

  • un manque de connexion avec son propre corps.

b. Le corps change, le rapport au plaisir aussi

Avec la baisse des œstrogènes, on peut observer une sécheresse vaginale, une baisse de la sensibilité, des douleurs pendant les rapports. Ce n’est pas une fatalité, mais cela demande souvent de réinventer la sexualité : plus lente, plus sensorielle, plus connectée.

c. Et si la libido devenait plus intérieure ?

Certaines femmes vivent un réveil du désir sous une autre forme : un érotisme plus mental, une sensualité plus globale, une libido tournée vers soi, vers l’art, la nature, la créativité. Ce n’est pas la fin de la sexualité, c’est un changement de paradigme.

3. Humeurs en dents de scie : et si on arrêtait de culpabiliser ?

La société valorise la maîtrise, la stabilité, la positivité constante. Pourtant, la préménopause est un moment d’instabiliténaturelle, un déséquilibre nécessaire pour accéder à une nouvelle phase de soi.

a. Accueillir l’instabilité

Les montagnes russes émotionnelles ne sont pas un “défaut”, mais un symptôme d’adaptation. Le corps tente de retrouver un équilibre, et pour cela, il traverse des vagues.

b. Identifier les déclencheurs émotionnels

Certaines émotions deviennent plus intenses : les colères enfouies, les tristesses non digérées, les frustrations passées… La préménopause agit parfois comme un révélateur psychique. C’est le moment idéal pour entamer un travail d’introspection, de libération émotionnelle ou de thérapie.

c. Rituels de régulation

Pour accompagner ces états fluctuants :

  • Tenir un journal émotionnel,

  • S’accorder des temps de solitude réparatrice,

  • Bouger en douceur (yoga, danse intuitive, marche),

  • Pratiquer des exercices de pleine conscience ou de cohérence cardiaque,

  • Se relier à d’autres femmes, partager ce qu’on vit, briser la honte et l’isolement.

4. Reprendre les rênes : agir sur ce qu’on peut

Si les hormones font leur show, on peut tout de même monter sur scène avec elles, et reprendre notre place dans le scénario.

a. L’alimentation, le premier geste d’amour

Certains aliments soutiennent le système hormonal et nerveux :

  • Oméga-3 (huile de lin, poissons gras),

  • Magnésium (amandes, chocolat noir, légumineuses),

  • Vitamines B et D,

  • Phytoestrogènes (soja bio, graines de lin).

Une alimentation équilibrée contribue à stabiliser l’humeur et soutenir la libido.

b. Le sommeil, un réparateur silencieux

Un bon sommeil permet une meilleure gestion émotionnelle et une récupération hormonale. Veiller à une bonne hygiène de sommeil est fondamental.

c. Le mouvement, pour relancer la vitalité

L’activité physique, même douce, libère des endorphines, stimule la dopamine et améliore l’estime de soi. Elle permet aussi de se reconnecter à son corps, de le sentir vivant et désirable.

d. L’écoute de soi, sans pression

Se forcer à “avoir envie” est contre-productif. L’objectif n’est pas de redevenir comme avant, mais d’apprendre à s’aimer comme on est maintenant. La libido peut renaître dans des espaces insoupçonnés, dès lors qu’on s’autorise à lâcher le devoir de performance.


5. Et dans le couple ?

Quand la libido baisse, l’impact se fait souvent sentir dans la relation amoureuse. Incompréhensions, frustrations, éloignement… Le dialogue est essentiel.

  • Expliquer ce que l’on traverse, sans culpabilité.

  • Proposer d’autres formes de proximité : massages, câlins, temps à deux sans pression sexuelle.

  • Explorer ensemble une nouvelle sensualité, plus douce, plus mature, plus consciente.

Parfois, il faut réapprendre à se désirer autrement, et cela peut devenir une belle opportunité pour faire évoluer la relation.

La baisse de libido et les sautes d’humeur ne sont pas des signes de déclin, mais des signaux d’un corps qui évolue. Derrière ces perturbations, il y a une invitation : celle de se reconnecter à soi, de réinventer sa manière d’être femme, de vivre la sensualité autrement, d’embrasser la complexité de cette étape.

Les hormones font leur show, oui… mais rien ne t’empêche de reprendre le micro, et de chanter ta propre partition. Avec douceur. Avec lucidité. Avec puissance.