Asperger : une autre façon de penser le monde
Le syndrome d’Asperger, souvent associé à une forme d’autisme sans déficience intellectuelle, est aujourd’hui de plus en plus reconnu comme une neuroatypie. Autrement dit, ce n’est pas une pathologie à “soigner”, mais une différence de fonctionnement cognitif et relationnel. Les adultes Asperger ont souvent grandi dans l’incompréhension, parfois même sans diagnostic, accumulant la fatigue d’un masque social permanent. Pourtant, leur regard sur le monde, leur logique, leur hypersensibilité et leur loyauté en font des personnalités riches et singulières, qu’il est grand temps de mieux comprendre.
Quelles sont les caractéristiques du syndrome d’Asperger ?
Le syndrome d’Asperger appartient au spectre de l’autisme, mais il s’en distingue par l’absence de retard de langage ou de déficit intellectuel. Voici les principales caractéristiques observées :
🔹 1. Fonctionnement cognitif différent
-
Une pensée logique et arborescente
-
Une grande précision des détails
-
Difficultés avec le non-verbal (expressions du visage, ton de voix, ironie)
-
Rigidité cognitive : besoin de routines, de repères stables, résistance au changement
🔹 2. Relations sociales spécifiques
-
Difficulté à décoder les codes sociaux implicites
-
Tendance à la littéralité dans les échanges
-
Isolement ou malaise dans les groupes sociaux
-
Besoin de solitude pour se réguler
🔹 3. Hyperfocalisation et intérêts spécifiques
-
Passion intense pour certains domaines (maths, astronomie, langues, animaux, systèmes…)
-
Mémoire exceptionnelle sur certains sujets
-
Difficulté à passer d’un sujet à un autre sans transition
Asperger adulte
Asperger adulte : un diagnostic souvent tardif
Chez de nombreux adultes, le diagnostic d’Asperger arrive tard dans la vie, souvent après des années d’incompréhension, de fatigue sociale, ou à la suite du diagnostic d’un enfant.
Chez les femmes Asperger, c’est encore plus complexe : elles développent souvent une grande capacité de mimétisme, apprenant à “faire semblant” pour s’adapter aux normes sociales.
Résultat : des années à se sentir “différente”, “pas à la hauteur”, avec un sentiment diffus de décalage.
Quelle est la différence entre autisme classique et syndrome d’Asperger ?
Même si les classifications ont évolué (le terme “syndrome d’Asperger” a été intégré au trouble du spectre de l’autismedans le DSM-5), cette appellation reste utile pour désigner une forme d’autisme sans déficience intellectuelle ni retard de langage.
ASPECT
- LANGAGE
- QI
- Intérêts
- Communication non-verbale
AUTISME CLASSIQUE
Parfois retardé ou absent
Peut-$etre variable
Spécifiques, parfois restreints
Très impactée
SYNDROME D'ASPERGER
- Développé, voire très développé
- Souvent dans lamoyenne ou au-dessus
- Spécifiques ( très développés)
- Subtilement différente, mais présente
En bref, le syndrome d’Asperger est une forme d’autisme de haut niveau, avec des compétences souvent remarquables dans certains domaines.
Les forces et défis d’un adulte Asperger au quotidien
Forces
-
Intégrité et honnêteté extrême (sans double discours)
-
Mémoire impressionnante (visuelle, auditive ou logique)
-
Capacité d’hyperconcentration sur un sujet passionnant
-
Créativité hors normes dans les domaines techniques ou artistiques
-
Loyauté indéfectible en amitié ou au travail
Défis
-
Fatigue sociale (besoin de pauses après interactions)
-
Anxiété face à l’imprévu
-
Risque de burn-out ou de dépression masquée
-
Sentiment d’inadéquation
-
Difficulté à travailler en équipe si les règles sont floues
Comment accompagner une personne Asperger ?
L’accompagnement d’une personne Asperger demande bienveillance, clarté et respect de ses besoins sensoriels et cognitifs.
Dans un couple
-
Éviter les sous-entendus ou les attentes implicites
-
Valoriser la sincérité et la loyauté
-
Mettre en place des routines de communication
-
Laisser des temps de solitude sans interprétation négative
À l’école ou dans les études
-
Donner des consignes précises et structurées
-
Autoriser les outils de régulation (bouchons d’oreilles, pauses)
-
Favoriser les apprentissages visuels et logiques
Au travail
-
Clarifier les rôles et les tâches
-
Permettre le travail en autonomie quand possible
-
Adapter l’environnement sensoriel (open space parfois difficile)
-
Mettre en avant les talents spécifiques plutôt que de focaliser sur les manques
“Je suis adulte Asperger, et j’ai appris à aimer ma différence”
“Pendant longtemps, j’ai cru que j’étais juste inadaptée au monde. Trop franche, trop passionnée, trop sensible. Puis à 38 ans, j’ai été diagnostiquée Asperger. Ça a été un choc… puis un soulagement immense.
J’ai compris pourquoi j’étais épuisée après une réunion, pourquoi je n’arrivais pas à décrocher d’un sujet, ou pourquoi je me sentais étrangère dans certains échanges sociaux.
Aujourd’hui, j’ai appris à poser mes limites, à prendre du recul, à valoriser mon hyperfocalisation comme une force. Je ne cherche plus à être “normale”, mais à être moi-même.”
Un regard psychanalytique et neuroscientifique sur le syndrome d’Asperger
Neurosciences
Les études montrent un fonctionnement cérébral atypique, notamment :
-
Une connectivité accrue dans certaines zones du cerveau
-
Une hypersensibilité sensorielle et émotionnelle
-
Une faible activation des circuits sociaux classiques, mais une autre voie d’analyse (plus logique que sociale)